OTTAWA – Le Parti vert du Canada se dit profondément déçu de la liste de cinq projets dits de « construction nationale » annoncée par le premier ministre Mark Carney et accélérée par son gouvernement.
« On avait promis aux Canadiens des projets d’intérêt national, a déclaré la chef du Parti vert, Elizabeth May. À la place, on voit une liste qui enrichit les actionnaires étrangers tout en laissant aux Canadiens des coûts énergétiques plus élevés et plus de pollution climatique. Un des critères de la Loi C-5 devrait être que les entreprises soient majoritairement canadiennes. Or, il n’y a aucun critère, seulement l’aval du cabinet. »
Expansion de LNG Canada
LNG Canada n’a aucune participation canadienne. Le projet se trouve sur le territoire de la Nation haisla, qui participe à certaines retombées commerciales, mais les profits vont presque entièrement aux cinq sociétés étrangères qui en sont propriétaires : Shell, PETRONAS, PetroChina, Mitsubishi et KOGAS.
L’expansion de LNG éloignera encore plus le Canada de ses cibles climatiques. La fracturation hydraulique pour extraire le gaz libère d’énormes quantités de méthane, un gaz à effet de serre plus de 80 fois plus puissant que le dioxyde de carbone sur 20 ans. Des études démontrent que les fuites de méthane dans le secteur fossile canadien sont beaucoup plus élevées que ce que reconnaît le gouvernement, ce qui invalide l’argument selon lequel le GNL serait « plus propre » que le charbon.
Expansion du Port de Montréal
L’inclusion du projet d’agrandissement du port de Montréal à Contrecœur soulève de graves préoccupations environnementales, de gouvernance et de souveraineté. Le projet détruirait un habitat essentiel pour le chevalier cuivré, une espèce en voie de disparition unique au Québec. Il est aussi mené en partenariat avec DP World, une entreprise contrôlée par le régime autoritaire de Dubaï. Cela signifie qu’un des plus grands chantiers industriels du Saint-Laurent depuis des décennies serait conçu et exploité par une société d’État étrangère.
Entre-temps, le Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE) a intenté une action en justice pour contester la constitutionnalité de la Loi C-5, la loi qu’utilise Carney pour accélérer ces projets. Le CQDE soutient que la Loi C-5 affaiblit les protections environnementales et permet au cabinet fédéral d’ignorer les avis scientifiques, créant un système de décisions arbitraires.
« Les Québécois ont été clairs : ils rejettent la tentative d’Ottawa de piétiner les protections environnementales, a affirmé May. Ce projet illustre parfaitement comment la Loi C-5 concentre le pouvoir entre les mains du cabinet, affaiblit la surveillance démocratique et met en péril notre patrimoine naturel. »
Plusieurs Premières Nations en Ontario contestent déjà la légalité de la Loi C-5, soutenant qu’elle affaiblit les protections environnementales et porte atteinte à leur droit constitutionnel d’être consultées sur les projets qui touchent leurs terres et leurs eaux.
Projet nucléaire de Darlington
Le projet de petit réacteur nucléaire modulaire (SMR) de Darlington est évalué à plus de 20 milliards $, ce qui en fait l’un des projets énergétiques les plus coûteux de l’histoire du Canada. Avant même d’être ajouté à la liste du Bureau des grands projets, il avait déjà été approuvé et avait reçu un prêt à faible intérêt de 975 millions $ de la Banque de l’infrastructure du Canada, la plus importante subvention publique jamais accordée à un SMR au pays. Bien qu’Ontario Power Generation (OPG) soit le promoteur, des contrats majeurs ont été attribués à des multinationales à forte participation étrangère, dont GE Hitachi, basée aux États-Unis, et Kiewit.
« Ce projet détourne des ressources qui devraient aller vers des solutions d’énergie propre plus rapides et moins coûteuses, a déclaré May. La technologie des SMR demeure théorique : aucun petit réacteur modulaire ne produit d’électricité dans le monde. »
Ce que devrait être la véritable construction nationale
Pour le Parti vert, de véritables projets de construction nationale sont ceux qui renforcent la souveraineté du Canada et réduisent les émissions, pas ceux qui élargissent les exportations de combustibles fossiles. Les sondages récents à l’échelle nationale confirment cette vision :
- Les deux tiers des Canadiens choisiraient des projets d’énergie propre plutôt que le développement pétrolier et gazier, selon un sondage Abacus Data commandé par Clean Energy Canada en juin 2025.
- Le même sondage a révélé que 85 % des Canadiens veulent que l’action climatique fédérale soit maintenue ou renforcée.
« Imaginez si nous nous engagions à bâtir un réseau d’énergie propre d’un océan à l’autre, a ajouté May. Cela réduirait les coûts pour les ménages, attirerait de nouvelles industries et aiderait le Canada à respecter ses obligations climatiques. Voilà le type de construction nationale que les Canadiens souhaitent réellement. »
Le Parti vert demande au gouvernement fédéral de réorienter son programme d’infrastructure vers des projets qui conservent la richesse et la prise de décision au Canada : la production d’énergie renouvelable, un réseau électrique pancanadien, un transport collectif efficace et des infrastructures résilientes face aux changements climatiques.
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