Blogue d'Élizabeth : L'affaire Grohmann Knives

Elizabeth May
L'un de nos communiqués de presse a fait l’objet d’une excellente couverture médiatique aujourd’hui. Il s’agit de la nouvelle concernant un contrat qui était traditionnellement accordé à Grohmann Knives, une entreprise locale, et qui n’a pas été renouvelé cette année. Ce contrat consistait à produire et à fournir des couteaux pour l'armée canadienne. Au lieu de continuer à faire affaire avec cette entreprise, l’armée a choisi de commander des couteaux un peu moins chers d’un fabricant qui fait de la sous-traitance à partir de la Chine. Les journaux de la Nouvelle-Écosse ont bondi sur l’affaire, et beaucoup de journalistes avec qui j’ai parlé étaient visiblement stupéfaits. Malgré des événements récents prouvant le contraire (le non-respect de l’Accord atlantique, les contrats d'entretien de sous-marins allant à la Colombie-Britannique sans appel d'offres et à des coûts plus élevés que ceux offerts par les chantiers maritimes situés dans les provinces de l'Atlantique, la fermeture de Trenton Works et l'annulation du processus d'appel d'offres pour des travaux équivalant à des milliards de dollars dans les chantiers maritimes pour la construction de navires destinés à la Marine et à la Garde côtière avec la suggestion que ces bateaux soient construits à l’étranger), beaucoup de Néo-Écossais croient encore qu’un membre du cabinet des ministres peut apporter un soutien supplémentaire à sa circonscription. Dans le cas de Peter MacKay, il devient de plus en plus difficile de comprendre les motifs qui le poussent à ignorer les besoins de sa communauté. La copropriétaire de Grohmann Knives, Michelle Jamieson, est l’une de mes amies depuis l'époque où j'ai lancé ma campagne dans ma circonscription de Pictou, l’an dernier. Mais je n’avais pas entendu parlé de l’histoire du contrat de l’armée avant que je rencontre par hasard son grand-père, M. Mike Baninec père, dans la salle d’attente du concessionnaire Anchor Motors Toyota. Il m’a alors raconté l’histoire du contrat qui avait été donné à une autre entreprise. J'étais sous le choc. J’ai moi-même de la difficulté à comprendre comment Peter MacKay a pu laisser cette situation se produire. Grohmann Knives est l’une des entreprises les plus prospères du comté de Pictou. Elle est une figure emblématique pour la ville de Pictou depuis plus de 50 ans. M. Babinec m’a dit que l’entreprise avait posé des questions à M. MacKay au sujet de ce contrat lorsque le général Hillier était venu en visite dans la circonscription. L’entreprise a demandé à M. MacKay ce qui s’était passé cette année pour qu’elle n’ait pas le contrat, et il a répondu qu’il étudierait le dossier. M. Babinec m'a raconté cette histoire quelques semaines après cette rencontre avec le ministre, et Peter MacKay n’avait toujours pas répondu à la question. La fin du contrat de Grohmann Knives avec l’armée est stupéfiante pour de nombreuses raisons. Cette entreprise est un employeur important dans une région où le nombre d'emplois diminue de façon constante. On aurait pu s’attendre alors à ce que l’un des principaux critères pour les contrats accordés par le gouvernement ait été de donner la priorité aux entreprises canadiennes lorsque la différence de prix n'est pas un facteur déterminant. Fait plus important encore, les couteaux fabriqués par Grohmann Knives sont de qualité supérieure et présentent une excellente fabrication. J’ai fait le tour de l’usine il y a quelques jours et j’ai vu de mes propres yeux que ces couteaux étaient faits avec beaucoup de soins et d’attention. Ils sont fabriqués pour offrir résistance, durabilité et élégance. Les couteaux que l’entreprise fournissait à l’armée étaient munis d’une poignée en bois triangulaire et d’une lame dentelée pour assurer une bonne prise. Ils étaient aussi conçus pour résister à la rouille. J’aurais vraiment aimé savoir si le processus d’appel d’offres comprenait aussi l’essai des couteaux. L’usine de Grohmann Knives a reçu des appels de la part de personnes qui désiraient obtenir de l’information au sujet des nouveaux couteaux choisis par le gouvernement et qui s’inquiétaient de leur sécurité. Cette situation me porte à réfléchir sur les éléments servant à évaluer la qualité des outils fournis à nos soldats en service. La décision du gouvernement de mettre fin à un contrat qu’il avait avec un fournisseur de longue date, qui offrait un produit fiable depuis plus de 30 ans, afin de favoriser une entreprise offrant une soumission légèrement moins chère n’a aucun sens. En effet, cela n’a aucun sens en matière d’économie, car Grohmann Knives est un employeur canadien. Cela n’a aucun sens non plus en matière de stratégie militaire, car les troupes canadiennes méritent d'avoir à leur disposition des outils fiables. J’ai attendu avant de publier un communiqué de presse au sujet de cette affaire, car je désirais avoir la permission de la famille d’abord. Un membre de la famille a envoyé une lettre à Peter MacKay pour s’informer du contrat, et désirait attendre la réponse de ce dernier avant de dévoiler cette affaire au grand jour. Lorsque j’ai visité l’usine cette semaine, j’ai demandé à Michelle si je pouvais écrire au sujet de cette nouvelle. Elle m'a répondu « oui » de la tête. En effet, la famille avait pratiquement abandonné l’idée d’avoir une réponse de la part de son député, le ministre de la Défense du Canada.