May veut une enquête publique sur l’avenir de nos ressources clés

OTTAWA – L’offre de 15,1 milliards de dollars US déposée par la société chinoise CNOOC pour l’achat de la société pétrolière et gazière albertaine Nexen Inc., la 12e société d’énergie canadienne en importance, devrait sonner l’alarme, a dit la chef du Parti vert et députée de Saanich—Gulf Islands Elizabeth May.

« Certains parlent de la plus importante prise de contrôle au monde par une société chinoise. Cette situation soulève de nombreuses questions quant à la sagesse d’un geste aussi inusité et sans précédent », a dit May. « On ne peut tout simplement pas laisser nos ressources stratégiques disparaître ainsi et échapper au contrôle du Canada à ce niveau et à ce rythme sans prendre le temps de peser toutes les conséquences. »

La société d’État CNOOC fut la première société chinoise à acquérir une part importante de l’industrie pétrolière canadienne avec le transfert de 17 pour cent des actions de la canadienne MEG Energy au groupe pétrolier chinois pour 150 millions de dollars en 2005. En 2001, il avait déjà obtenu 35 pour cent des principaux actifs d’OPTI‑Canada, dont les installations d’exploitation des sables bitumineux de Long Lake, en contrepartie d’un investissement de 2,1 milliards de dollars. Nexen contrôle et exploite les 65 pour cent restants de ces installations.

La présence accrue d’intérêts étrangers dans les sables bitumineux de l’Alberta atteint de nouveaux sommets et pourrait soulever de nombreuses inquiétudes. Cette année, PetroChina a mis la main sur les derniers 40 pour cent des actions d’Athabasca Oil Sands Corp. dans le projet de MacKay River, devenant la première société chinoise à détenir la totalité d’un projet d’exploitation des sables bitumineux. L’année dernière, Sinopec a mis la main sur Daylight Energy Ltd. pour 2,2 milliards de dollars et sur 9 pour cent des actions de Syncrude, pendant que CNOOC achetait OPTI-Canada.

L’annonce de la mégatransaction concernant Nexen survient presque au moment où la principale raffinerie chinoise, Sinopec Corp., débourse 1,5 milliard de dollars pour une participation de 49 pour cent dans les projets d’exploitation de Talisman en mer du Nord – Talisman étant l’une des plus importantes sociétés pétrolières et gazières du Canada.

« Les investissements chinois dans les projets d’exploitation des sables bitumineux du Canada tiennent davantage de la nationalisation de nos ressources clés par Beijing qu’à l’ouverture de nouveaux marchés chinois pour les produits canadiens », a dénoncé May. « Les règles de l'investisseur-État, qui accordent encore plus de pouvoirs aux sociétés, font présentement l’objet de négociations entre les deux pays, et nous pourrions perdre notre droit de mettre en œuvre une réglementation plus rigoureuse.

« L’empressement du premier ministre à favoriser les investissements chinois a déjà conduit à l’éviscération de nos lois environnementales par le truchement du projet de loi C‑38. »

Rares sont les pays aussi enclins que le Canada à abandonner le contrôle de leurs intérêts énergétiques stratégiques. Aux États-Unis, un tollé a contraint CNOOC à retirer son offre de 18 milliards de dollars US pour l’acquisition de la société californienne Unocal Corp.

« Les conservateurs de Harper ont ajouté les mots "sécurité nationale" à la Loi sur Investissement Canada en 2009, mais ont toujours refusé de donner une définition claire et rejeté toute expertise sur la question », a dit May. « Ils refusent même de clarifier ce qu’ils considèrent comme étant "l’avantage net" du Canada lorsqu’il s’agit de vendre nos richesses non renouvelables.

« Nous sommes en train de perdre le contrôle des droits de propriété et de la planification entourant nos ressources énergétiques dans le seul but d'obtenir des investissements de plusieurs milliards de dollars de sociétés qui font partie intégrante d’un gouvernement communiste étranger au bilan désastreux en matière de droits de la personne. »

Anthony Campbell, l’ancien président du Secrétariat de l'évaluation du renseignement du Bureau du Conseil privé est sans équivoque : « La servitude des dirigeants politiques canadiens… devant les manipulations évidentes des stratèges chinois, qui font fi des principes commerciaux et financiers mondialement reconnus et infligent des peines de prison de 10 ans aux auteurs qui font la promotion de la démocratie, est une honte nationale. »

Rappelant qu’un récent sondage Harris-Decima révélait que 90 pour cent des Canadiennes et des Canadiens sont opposés à ce que les sociétés chinoises puissent acquérir des intérêts majoritaires ou la totalité d’une société canadienne, May réclame une enquête publique sur la vente de Nexen ainsi que sur l’état et l’avenir des investissements étrangers dans l’exploitation des sables bitumineux.

« Je sais que je ne suis pas la seule à entretenir des inquiétudes à ce sujet », de conclure May. « Il faut mettre un terme à cette liquidation irresponsable [de nos ressources]. »

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Renseignements :
Debra Eindiguer
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