Appels aux verts pour prendre d’assaut les pages de commentaires sur Internet

Elizabeth May

L’autre jour, George Monbiot a fait le commentaire suivant :

http://www.monbiot.com/archives/2010/12/13/reclaim-the-cyber-commons/ [en anglais seulement]

« En lisant les commentaires sur les sites Web du Guardian et ailleurs sur le Web, deux tendances se dessinent. La première est que les discussions sur les questions qui mettent en jeu des sommes dérisoires sont beaucoup plus civilisées que les débats sur les questions où les grandes sociétés risquent de perdre ou de gagner des milliards de dollars – les changements climatiques, la santé publique et l’évitement de l’impôt des sociétés. Ce genre de débat donne presque toujours lieu à des abus et à des perturbations.

« Les articles sur l’environnement sont particulièrement touchés par ce genre de manœuvres. J’apprécie beaucoup les débats et je m’aventure souvent dans les fils sous mes chroniques. Mais c’est une expérience déprimante – au lieu de contester les questions que je soulève, ceux qui expriment leur désaccord me bombardent de commentaires abusifs et infantiles ou s’entêtent à perpétuer une fiction, peu importe la fréquence à laquelle elle est discréditée. Cela élimine d’emblée toute discussion intelligente – ce qui semble être le but inavoué. »

J’ai aussi remarqué ce phénomène. Chaque fois qu’un article sur moi ou sur les verts ou sur la science climatique paraît quelque part, les commentateurs semblent impatients de se répandre en invectives gratuites et pernicieuses. L’abus est si intense qu’il semble avoir pour seul objectif de mettre un terme au débat, de l'étouffer dans l'œuf. D’autres observateurs ont noté que les commentaires pernicieux apparaissaient dans les minutes suivant l’affichage d’un article. Environ une heure après l’affichage, l’intensité des abus semblait déjà avoir atteint son paroxysme et commençait à s’estomper. J’en conclus que la majorité de ces abus s’inscrivent dans le cade d’une campagne de messages fictifs bien orchestrée destinée à faire taire la voix du peuple. Malheureusement, ces tribunes Internet autorisent l’affichage de commentaires anonymes. Contrairement à la rigueur d’une lettre à la rédaction d’un journal, les seuls contrôles effectués dans les pages de commentaires d’internautes sont ceux d’un modérateur occasionnel qui déciderait qu’un commentaire est trop abusif pour être publié. Rien n’empêche une entreprise de lobbying ou un parti politique de louer une salle et de l’équiper d’une vingtaine d’ordinateurs, avec des comptes distincts, et d’embaucher deux ou trois gars pour faire la navette entre les différents ordinateurs afin de mener de front un effort de propagande. Mon frère appelle cela du vandalisme intellectuel.

Bien entendu, il existe une solution. Les médias pourraient commencer par insister pour que ceux qui rédigent des commentaires ou ont accès à un système de « pouce en l’air » ou de « pouce en bas » utilisent leurs véritables noms pour ouvrir un compte. Sans compter que les commentaires devraient tous être signés du nom de l’auteur et indiquer le lieu géographique. L’anonymat, que les nargues soient payés ou bénévoles, favorise l’impolitesse et le manque de courtoisie. Le niveau de respect dans le discours public s’en trouve d’autant plus rabaissé – déclassant même les sites Web en question dans ce domaine.

Il ne reste plus qu’à combattre ce phénomène coup pour coup. Ainsi, comme résolution pour le jour de l’An, j’aimerais proposer aux verts de s’engager à choisir un site Web bien précis et à le surveiller. Tous les jours. Ainsi, nous pourrions répliquer à ceux qui s’évertuent à nier les changements climatiques. Certes, ils ne nous liront pas, mais d’autres internautes pourraient suivre vos liens vers des informations scientifiques et exactes et à leur tour répliquer aux émules de Lord Monkton. Ce genre de personne ne s’offusque jamais de se voir discréditer sur la place publique. Au contraire, elle continue de débiter ses balivernes infondées. Il faut répliquer de manière à rehausser le niveau du discours public et pour aider les autres que la vérité intéresse.

Les preuves avancées par Monbiot pour soutenir sa théorie selon laquelle des lobbyistes payés utiliseraient l’Internet pour façonner l’opinion publique m’apparaissent solides. Sur une vaste gamme de questions qui préoccupent les verts, nous devrions prendre le temps de rétablir l’équilibre du discours présenté dans ces pages en rédigeant des commentaires solides et respectueux.