CdP16 -- Compte-rendu de mardi

Elizabeth May

J’ai participé à une rencontre extraordinaire hier soir avec un groupe de jeunes Canadiennes et de jeunes Canadiens extrêmement inspirants. Nous avons fait un saut à l’auberge à prix modique où ils avaient établi leurs quartiers, dans le centre de Cancún, et chacun s’est présenté à tour de rôle – Holly de Whitehorse, Emilie de l’Île-du-Prince-Édouard, Audrey de Gatineau, Adam de Prince George, Maggie de Victoria – à peu près chaque région canadienne était représentée dans cette délégation jeunesse. Un jeune homme hors du commun, Malcom Madsen, de Whitehorse également, a fait le trajet de Whitehorse à Ottawa à vélo l’an dernier, à temps pour le 24 octobre, la Journée d’action climatique. Ses parents, qui militent activement en faveur de la conservation, sont de vieux amis à moi – Ken Madsen et Wendy Berthrood. Autonome et bien élevé, il venait tout juste de terminer de préparer le souper pour tout le monde – un délicieux plat de riz, de maïs et de haricots (ils avaient même prévu une portion pour moi, ce que j’ai vraiment apprécié étant donné que nous nous sommes rencontrés à 20 h 30; ce genre d’événement ne laisse pas beaucoup de temps pour les repas). L’organisatrice du groupe, Amber Church, est également originaire du Yukon et est la fille d’un scientifique de renom, spécialiste de l’Arctique. Environ 50 jeunes Canadiennes et jeunes Canadiens sont sur place; ils font partie d’un grand contingent d’environ 1000 jeunes, venus de 40 nations, qui a organisé son propre sommet avant l’ouverture de la CdP16.

Loin des plages et des hôtels monstres – le seul Cancún que la majorité des touristes a l'habitude de voir – se retrouve le quartier général d’un groupe de jeunes Canadiennes et de jeunes Canadiens courageux. Ils travaillent sans arrêt. Ils exercent des pressions sur les dirigeants, organisent des événements, font du réseautage, rédigent des blogues, etc. Ils ont même rédigé un lexique pour les négociations destiné à rejoindre les jeunes. Il fait maintenant partie du texte, mot pour mot.

À brûle-pourpoint, un jeune m’a posé la question que tous se posent ici : « Pensez-vous que les médias canadiens saisissent bien toute l’importance de garder Kyoto vivant? Savent-ils seulement combien d’années seraient gaspillées pour enfin parvenir à un nouvel accord? » J’ai été obligée de leur donner la seule réponse possible : « Non, ils n’en ont absolument aucune idée. » Au Canada, plus aucun journaliste ne se spécialise dans les questions climatiques. Certes, il y en a eu jadis, mais plus aujourd’hui. Il est difficile d’expliquer en quoi l’accord non contraignant, l’engagement volontaire appelé « Accord de Copenhague », est tout ce qu’il y a de plus inadéquat comparativement à l’architecture et au cadre de travail du document juridiquement contraignant qu’est le Protocole de Kyoto. La campagne de désinformation orchestrée par le cabinet du premier ministre et celui de John Baird est difficile à démystifier lorsque les médias doivent reprendre leur analyse à zéro avant d’y voir clair. Cela dit, d’excellents journalistes ont fait le voyage jusqu’ici pour assister à la CdP16 – François Cardinal (et la rumeur veut que Louis-Gilles Francœur soit ici également), Shawn McCarthy et Mike de Souza, sans compter l’arrivée imminente de Susan Lunn et de Margo McDermid de la CBC pour couvrir l’arrivée de Baird.

Une jeune femme m’a aussi demandé comment, après autant d’années passées à travailler sur cette question – 24 ans –, je parvenais à garder le moral, où je puisais tout cet espoir.

La réponse était facile : « Vous. Chacune et chacun d’entre vous. »