Les espoirs s’envolent

Elizabeth May

Certains ont parlé avec cœur et courage, affirmant qu’il y avait encore des chances de parvenir à un accord juridiquement contraignant et transparent à Copenhague. Mais il est de plus en plus difficile d’y croire. 

Gordon Brown a tenté de sauver les négociations. Il a déclaré que Copenhague serait « loué ou blâmé » par les générations futures. Il a imploré les autres nations à mettre de côté leurs propres intérêts respectifs et à courte vue. Les derniers progrès à date touchent uniquement le domaine des finances -- de 10 milliards de dollars par année, le fonds est sur le point d’atteindre 100 milliards de dollars par année. 

Hillary Clinton a réitéré la cible des États-Unis -- 17 % en dessous des niveaux de 2005 d’ici 2020 -- mais elle l’a bonifiée avec la promesse que Washington participerait à la création d'un fonds de 100 milliards de dollars par année [afin d'aider les pays en développement à faire face au réchauffement planétaire, n.d.l.r.], soit la même cible que celle de Gordon Brown. Dans les faits, les États-Unis s’engagent à trouver ou à récolter ces fonds. 

La chancelière allemande Angela Merkel avait raison lorsqu’elle a déclaré, avant de quitter l’Allemagne à destination de la CdP15, que la cible des États-Unis n’avait rien d’ambitieux. 

En effet. Les États-Unis doivent plutôt offrir de réduire leurs émissions plus rapidement, mais cela semble peu probable. La crise dans le domaine des soins de santé et les dispositions législatives du Congrès des États-Unis ont affecté cette conférence, et des sénateurs qui avaient prévu participer aux négociations ont été contraints de demeurer à Washington. Le projet de loi Waxman-Markey a également eu un impact, puisqu’il touche l’ordre des priorités politiques. Il a été rejeté, mais il était bancal et rempli de lacunes. Cela signifie aussi que Barack Obama arrive à Copenhague sans l’ingrédient clé pour débloquer l’impasse et sauver ces négociations. Une réduction de 20 % en dessous des niveaux de 1990 d’ici 2020 aurait suffit (je crois) pour que la Chine accepte de réduire ses émissions et que d’autres éléments tombent en place. Mais il se fait tard, le président Obama arrive demain et Hillary Clinton réitère aujourd’hui ce que tout le monde savait déjà sur les cibles étatsuniennes en proposant uniquement plus d’argent. Il est peu probable qu’Obama apporte des éléments nouveaux. Bien sûr, on ne sait jamais. Et d’autres nations pourraient décider de faire un effort également. Mais au moment d’écrire ces lignes, la répression policière, l’exclusion scandaleuse des ONG des négociations et le mélange d’arrogance et d’incompétence du gouvernement danois ont tous contribué à créer le sentiment qu'inéluctablement, les négociations se solderont par un échec.