Jamais rien vu de pareil

Elizabeth May

Je n’ai jamais rien vu de pareil. La réunion a été ajournée pour permettre au premier ministre danois de remplacer la ministre de l’Environnement Connie Hedegaard à la présidence de la Conférence, afin de présenter chaque chef venu faire son discour.

MAIS! Avant de quitter le podium, Connie a annoncé qu’un nouveau libellé serait proposé sous peu pour le texte du Protocole de Kyoto… et qu’il n’était pas encore disponible. Vous pouvez vous imaginer… pendant que le premier ministre essayait de calmer le segment de haut niveau à coups de maillet, les orateurs dénonçaient, à tour de rôle, le manque de transparence du processus. La Chine a parlé d’une « question de confiance envers le pays hôte » (un langage fort et très évocateur dans un cercle diplomatique) et le Brésil a acquiescé -- où est donc le texte? L’Inde (encore visiblement ébranlée par son passage à la sécurité) a également abondé dans ce sens… l’Équateur signifié son accord, comme tous les pays en développement d’ailleurs. Le premier ministre a continué d’insister pour que les chefs d’État commencent leurs discours.

Nouvelle objection du Brésil. Le Brésil a négocié toute la nuit. J’ai rencontré des délégués qui revenaient du palais des congrès à 6 h 45 ce matin, en débarquant du métro. Ils savent tous qu’il y a un nouveau texte. Ils en ont une copie. Ils veulent savoir s’il s’agit d’une ébauche.

Voilà à présent que la ministre [de l’Eau et de l’Environnement, n.d.l.r.] de l’Afrique du Sud, Rejoice Mabhudafhasi prend position avec l’Inde, la Chine, le Soudan, etc.

De toute évidence, la confiance dans le processus est très ébranlée et tout le monde craint que le texte produit au cours de la nuit ne disparaisse. Le premier ministre Rasmussen est complètement pris au dépourvu et répète à tous vents « il faut poursuivre ». Mais le sens qu’il accorde au mot « poursuivre » n’est pas le même pour tout le monde. Il a les yeux rivés sur l’horloge et veut que les chefs d’État prononcent leurs discours. Les délégations, elles, veulent s’assurer d’avoir bel et bien un texte.

La Chine prend à nouveau la parole sur un rappel au Règlement. Le représentant de la Chine s’exprime en anglais (il avait l’habitude de passer par une interprète). Il insiste sur le fait que la présidence danoise a failli à son devoir de consultation…