Samedi à Copenhague

Elizabeth May

La première chose à laquelle est confrontée une Canadienne en route pour la CdP15 à Copenhague est  l’omniprésence des panneaux publicitaires et des affiches sur la place publique qui parlent des changements climatiques, et ce, bien avant d’arriver à Copenhague.  Déjà à l’aéroport de Heathrow, à Londres, on pouvait voir partout des publicités appeller à l’action contre les changements climatiques, du panneau publicitaire de « Hopenhague » [« hope » signifie « espoir » en anglais, n.d.l.r.], réclamant un engagement pour sauver le climat, en passant par des entreprise, comme l’empire maudit d’Exxon Mobile (maudit, pas parce qu’ils est dans le pétrole, mais maudit parce qu’il a financé à coup de millions des campagnes de propagande contre la science). Arrivée à Copenhague, les messages sur le climat avaient pris d’assaut tout l’aéroport, dont le plus agressif était sans contredit la publicité de « COKE – la bouteille de l’espoir », tandis que la meilleure était « tck, tck, tck », en passant par des photos de dirigeants, vieillis et grisonnants, qui se rencontrent à nouveau en 2020 et sous lesquelles il était écrit « Nous avons eu l’occasion d’agir et nous n’avons rien fait… »

Aussitôt que les gens apprennent que je suis Canadienne, tout le monde réagit – « Oh! Vous devez être déçue de voir le Canada accumuler les Fossiles du jour comme ça. Ça doit être terriblement gênant pour vous! » La seule réaction positive qu’a suscité le Canada jusqu’à maintenant est le fait que le maire de Toronto, David Miller, se soit présenté pour recevoir en mains propres un des deux Fossiles décernés au Canada hier. Il semblerait que M. Miller soit, à ce jour, le seul représentant officiel d’un gouvernement à s’être déplacé pour accepter un Fossile remis à une nation. Les gens sont tout simplement sidérés  d’entendre notre négociateur en chef affirmer que nos cibles sont « fondées sur la science ». « Quelle science?! », me demandent-on. « Votre gouvernement sait-il réellement ce qu’est la science? »   

Les manifestations étaient très impressionnantes. Plus de 100 000 personnes!

À notre point de rassemblement en face du Palais danois, une série d’orateurs, dont Vandana Shiva,  ont pris la parole pour inspirer notre marche.

Aussi loin que portait mon regard, la marche était pacifique et une véritable célébration. Tout le long du trajet, des gens étaient à leurs fenêtres et nous encourageaient. Sur notre bannière préférée, suspendue à une fenêtre du quatrième étage d’un immeuble, on pouvait lire « nous amenons les hobbits à Isengard ».

Après la marche, j’ai assisté à la messe dirigée par l’archevêque de Canterbury à l’église Trinity. Plusieurs personnes qui lisent ce blogue ne savent peut-être pas – et pourquoi le sauraient-elles? – que M. Rowan Williams, l’évêque de Canterbury, est le numéro un mondial de l’Église anglicane. Pouvoir le rencontrer fut un immense honneur pour moi, et il m’a semblé ravi d’apprendre qu’une anglicane est chef du Parti vert du Canada. Son homélie était inspirante et appelait toute l’humanité à reconnaître sa place dans la grande création. 

À demain.