Dissonance à Durban – Jour 2

John Streicker

Nous
avons marqué un bon point au moment de nous inscrire à la Conférence ce matin.
Elizabeth a obtenu un badge de déléguée officielle. Pas du Canada, non, mais de
la Papouasie-Nouvelle-Guinée! Mike De Souza de Canada.com fut le
premier journaliste à rapporter l'histoire en ligne en moins d'une heure
(« May registers for Durban summit through developing country after
Kent declines
 »).

C'est
malheureux qu'Elizabeth May, une députée élue au Parlement du Canada, ne
fasse pas partie de la délégation canadienne. Mais toujours est-il que j'étais
ravi que la délégation de la Papouasie-Nouvelle-Guinée l'ait invitée parce que
cela signifie que dorénavant Elizabeth aura accès à presque toutes les réunions
des délégués. Pour ceux et celles qui l'ignorent encore, Elizabeth a participé
activement aux négociations du Sommet de Rio en compagnie de sa fille Victoria‑Cate,
âgée de seulement un an à l'époque!

C'est
dans notre intérêt à tous qu'Elizabeth a obtenu le statut de déléguée
officielle.

Après
ce moment charnière, nous avons assisté à la séance d'information de la
délégation canadienne. Notre délégation est dirigée par l'ambassadeur
Guy Saint‑Jacques. Chaque jour, il renseigne les participants canadiens
qui ne font pas partie de l'équipe de négociation officielle.

Les
négociations sont complexes et je vous épargnerai le fardeau des détails.
Cependant, l'ambassadeur a dit une chose que je tiens à vous répéter. En fait,
il a touché le nœud du problème.

N'oubliez
pas que le but de ces réunions est de discuter des mesures à mettre en œuvre
après l'échéance du Protocole de Kyoto. Le Canada a déjà annoncé qu'il n'adopterait
aucune autre cible pour la prochaine période d'engagement. Le ministre Kent l'a
d'ailleurs confirmé lors d'une conférence de presse donnée hier.

Des
rumeurs circulent déjà selon lesquelles le Canada se retirerait officiellement
du Protocole de Kyoto. Mais comme ces rumeurs n'ont pas été confirmées, laissons-les
de côté pour le moment.

Ainsi,
l'ambassadeur affirme que le Canada n'adoptera aucune nouvelle cible pour la
prochaine période d'engagement, avant d'ajouter que le Canada négociait dans le
but de produire un « nouvel accord universel, avec des responsabilités
communes, mais différenciées », et que le Canada voulait y parvenir
« dans les meilleurs délais. »

Ces
deux affirmations sont tellement dissonantes que je trouve extrêmement
difficile de comprendre comment cela peut être dit en toute légitimité.

Le
fait de ne pas établir de cibles (surtout pour une nation développée comme le
Canada) est exactement ce qui mène à un accord non universel, non contraignant.
Par définition.

Elizabeth
et moi l'avons tous les deux interrogé sur cette position. Après cette séance
d'information, l'agent de liaison du gouvernement a dit à Elizabeth que son
« envergure » risquait d'intimider les autres participants canadiens,
qui hésiteraient peut-être à poser des questions.

En
effet, mais ce sont eux qui ont choisi de ne pas l'inclure sur la délégation
officielle, n'est-ce pas?

Bien
à vous, d'un scientifique et politicien du Nord nord-ouest en direct du Sud
sud-est,

John
Streicker