Campagne – Jour 3

Elizabeth May

Et bien! On
sait que le député sortant est inquiet quand le premier ministre fait deux fois
le voyage jusqu'à Saanich-Gulf Islands en un mois. En février, il est venu
recycler l’annonce de 155 millions de dollars pour une base d'entretien
d’hélicoptères. Il n'existe pas de loi de prescription sur le recyclage des
annonces!

Aujourd’hui,
on se serait crus en plein roman d’espionnage. Bien malin celui qui, dans le
grand public, aurait pu deviner où Stephen Harper se rendrait pour faire
son annonce. Les médias ont reçu des instructions pour parvenir au lieu de
rassemblement où ils devaient attendre l’autobus et embarquer pour une tournée
magique et mystérieuse. Ils ont été conduits à une résidence de mon quartier où
une famille s’est pliée au jeu des conservateurs en leur servant de toile de
fond pour une annonce sur le partage du revenu. Partiel et éventuel. Dans
quatre ans, peut-être.

Je suis
surprise que les médias nationaux n’aient rien dit sur la position du Parti
vert, étant donné que les verts prônent un virage fiscal immédiat qui
permettrait d’instaurer le partage du revenu – tout de suite et pour tout le
monde. J’ai sans doute cru que les médias s’apercevraient que le premier
ministre consacrait beaucoup de capital politique à manœuvrer pour éviter de me
voir franchir la porte de la Chambre des communes.

Puisque
nous tentons de créer un espace où les gens peuvent se mettre d’accord, ce
n’est pas une si mauvaise chose que notre politique fiscale soit partiellement
copiée par les conservateurs. D’un autre côté, puisqu’il n’y a aucune façon de
voir comment notre économie pourrait supporter une ponction de
2,5 milliards de dollars dans les coffres du Trésor pendant que les
conservateurs continuent de réduire l’impôt des sociétés et d’ignorer le
déficit structural, cette mesure ressemble davantage à une chimère qu’à la
réalité. Notre politique fiscale sur le partage du revenu coûte
5 milliards de dollars, mais les coffres seront simultanément regarnis
grâce aux taxes sur la pollution. Par conséquent, notre programme est sans
incidence sur les recettes publiques.

Nous
faisons des promesses que nous avons les moyens de respecter. Nous faisons des
choix qui sont rationnels et qui reflètent nos priorités.

Nous
aimerions beaucoup avoir une conversation sur cette question et sur d’autres
questions importantes. Mais de la manière dont s’oriente cette campagne, ça
serait étonnant.