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Mes journées surréalistes
Elizabeth May
24 avril 2007
Il y a bien longtemps que je n'ai pas écrit dans le blogue, je m'en excuse. Bien entendu, j'écris tous les jours. Je suis particulièrement fière de la publication rapide de notre analyse de la campagne de peur du gouvernement Harper avec leur prétendue étude économique, jeudi dernier : Apocalypse économique : Baird mène une campagne de peur contre Kyoto (page « Communiqués de presse » du site).
Il se passe tellement de choses tous les jours que j'ai des idées pour une demi-douzaine de blogues, mais jamais le temps de les écrire.
Ma journée d'hier, par exemple, m'a apporté une réunion sur le Partenariat nord-américain pour la sécurité et la prospérité à l'ambassade des États-Unis, des entretiens avec la presse, une séance de questions et réponses, un discours au Harvard Club et une rencontre fortuite avec John Baird.
Le gouvernement des États-Unis n'a pas apprécié mon discours lors de la session d'étude « Intégrer quoi? » organisée par le Conseil des Canadiens. Il a été diffusé sur CPAC. Je pensais avoir accepté de recevoir un représentant de l'ambassade dans mon bureau. En fait, j'ai dû me rendre à l'ambassade des États-Unis, un horrible bloc de béton au centre d'Ottawa, pour les rencontrer. Je suis tellement débordée que le temps perdu dans le trajet et les contrôles de sécurité m'a irritée… La réunion elle-même a été impressionnante. J'ai été conduite à une pièce sécurisée où une délégation composée de dix fonctionnaires de l'ambassade m'attendait! De l'intimidation en règle. Dix fonctionnaires étaient assis autour d'une table imposante. Une dame a voulu quitter la pièce pour photocopier un document pour moi, mais la porte est restée close bien qu'elle ait entré son code plusieurs fois. Les fenêtres étaient également barricadées de l'intérieur. Ils ont dû faire appel à une personne à l'extérieur de la pièce pour ouvrir la porte. L'un des participants a dit que cette pièce était surnommée « Hotel California. » Quand on a le sens de l'humour, aucune forteresse ne résiste.
J'ai donc expliqué que le changement climatique est la menace la plus grave pour notre sécurité. Ils ont répondu, en long, en large et en travers, que les initiatives du PSP étaient mal comprises... J'ai répondu que, dans ce cas, ils devraient se réjouir que le Parti Vert ait inclus la sensibilisation du public dans sa campagne électorale.
C'était surréaliste.
À 18 h, j'étais à un restaurant végétarien populaire de la ville, The Green Door, où je devais parler au Harvard Club de « L'analyse économique de Kyoto. » Une foule nombreuse s'était massée dans le restaurant, au milieu des serveurs chargés de petits plats organiques alléchants, et là, qui vois-je arriver pour prendre son dîner à emporter? John Baird en personne! J'ai déclenché l'hilarité générale en l'invitant à rester pour mon discours, mais je lui ai quand même dit qu'il consisterait à démonter méthodiquement toutes ses politiques. Il a dit qu'il ne voulait pas nous déranger. Nous avons souri pour les caméras et nous avons décidé de nous voir très bientôt.
Le plus bizarre, c'est que nous nous entendons très bien. Il ne se prend pas trop au sérieux et moi non plus, quelle que soit la force de nos convictions personnelles. Son objectif consiste à faire réélire Harper. Mon objectif à moi consiste à sauver Kyoto, sauver le Canada et faire adopter des politiques qui préservent l'avenir de ma fille. L'instinct maternel, en somme.
En attendant, nous allons aller prendre un verre ensemble et rigoler un peu dès que nous aurons une minute.
Surréaliste.