Pourquoi je marche

Elizabeth May

Cet article a été écrit au départ pour un auditoire international, mais j’ai pensé que les Verts du Canada pourraient vouloir se joindre à moi aussi!

Le dimanche 21 septembre, je serai avec ma fille à New York, en train de marcher avec des dizaines de milliers d’autres citoyens préoccupés – qui demanderont des gestes concrets à propos des changements climatiques. La manifestation vise à mettre de la pression sur les leaders mondiaux et à appuyer le Sommet de l’ONU sur le climat qui aura lieu le 23 septembre.

En décembre 2013, j’étais à Varsovie à la 19e Conférence des Parties sur le traité sur le climat, une conférence pour encadrer l’orientation à avoir sur les changements climatiques planétaires, lorsque le secrétaire général de l’ONU a annoncé la tenue de ce sommet. Il veut ainsi faire pression sur les gouvernements pour une action concrète qui mènera à de vrais progrès.

Les négociations pour une vraie action sur le climat – tenues chaque année depuis le début des années 1990 –vont à la vitesse d’un escargot. Un pas en avant, deux pas en arrière. Les grands meneurs de ce monde, les pays riches de la planète espèrent que quelques belles paroles seront suffisantes pour satisfaire leurs concitoyens. Les vrais retardataires, comme le premier ministre de mon pays, espèrent que l’action peut être retardée pour protéger les profits issus des carburants fossiles. Sachant que la date limite pour le nouveau traité n’était qu’à un peu plus d’un an (décembre 2015 - Conférence des Parties de 2015), Ban Ki-Moon a appelé les leaders mondiaux à venir au siège des Nations Unies à New York en septembre de cette année pour discuter de solutions. Il a été clair à Varsovie. Avec les efforts actuels, nous ne pourrons rien garantir à nos enfants. Nous ne pourrons atteindre aucune cible et courrons le risque  d’un réchauffement climatique catastrophique plus rapide. Nous avons besoin d’un vrai leadership. Nous avons besoin de pays qui montreront l’exemple.

Depuis le désastreux rassemblement mondial de 2009 à Copenhague, j’ai l’impression que le mouvement international sur le climat est en état de stress post-traumatique. Espoirs déçus. Les dégonflés et les vendus de ce monde ont tourné le mouvement sur le climat à l’envers : Oublions ce qui est « mondial ». Travaillons plutôt au niveau local.

Nous n’avons pas les moyens de mettre de côté l’aspect mondial. Nous devons déployer tous les efforts possibles pour avoir un traité acceptable qui protégera la couche d’ozone (le Protocole de Montréal de 1987). Nous devons renouveler notre engagement.

Les gens me demandent pourquoi, en tant que députée de la Chambre des communes, je ressens le besoin de participer à cette manifestation. Chaque année, j’assiste aux Conférences des Parties de l’ONU (seule députée à le faire excepté le ministre de l’Environnement qui représente les visées du gouvernement canadien d’empêcher toute action sur le climat). Je suis la chef d’un parti politique fédéral – le Parti vert. Et j’ai un siège à la Chambre des communes pour représenter les électeurs de Saanich-Gulf Islands, en Colombie-Britannique.

Ma voix est forte. Il y a d’autres gestes et actions que je pourrais prendre,… alors pourquoi marcher?

Les médias du monde n’en prendront pas note. Les gouvernements du monde n’en prendront pas note non plus. Et les autres politiciens ne prendront pas note des changements climatiques aussi longtemps qu’ils auront d’autres dossiers et distractions à se mettre sous la main. Nous devons avoir une mobilisation de masse qui exigera des gouvernements, partout, qu’ils planifient et mettent en marche la transition vers d’autres carburants que les carburants fossiles.

Pourquoi alors marcher?

Rien ne réveille les gens autant qu’un mouvement populaire. Les marches dirigées par le révérend Martin Luther King ont mis fin à la ségrégation. Des marches ont mené à la fin de la guerre du Vietnam. Prendre d’assaut les rues a permis aux femmes d’obtenir le droit de vote et a engendré une telle pression que l’activiste Nelson Mandela a été libéré d’une prison de l’Afrique du Sud et que le mur de Berlin s’est effondré. Aucun de ces événements n’étaient perçus comme possibles, jusqu’au moment où ils se sont produits.

Ma fille et moi prendrons donc le train de Montréal à Manhattan. Nous marcherons dans une foule humaine, le courant humain de la protestation qui a mené à de nombreuses causes, jusqu’au immenses gratte-ciels de New York où nous demanderons du changement.

Je marcherai parce qu’en fin de compte, ce ne sont pas les politiciens qui apportent les changements dont le monde a besoin. Comme le disait si bien Gus Speth : « Les politiciens vogues sur les vagues. Mais ce sont les mouvements populaires qui font les vagues. »

Venez à New York. Marchez pour un meilleur climat. Nous avons besoin de vous.