Que doit-on espérer du budget?

Elizabeth May

Jeudi dernier, le Parti Vert a publié ses propositions pour un plan de relance de l’économie, soulignant l’importance de suivre l’exemple de Barack Obama et de réorienter l’économie nord-américaine vers un avenir axé sur l’énergie renouvelable. Le plan Obama prévoit 150 milliards de dollars sur cinq ans et permettra à l’industrie de l’énergie verte de créer cinq millions d’emplois. Il fait de l’efficacité énergétique l’une des principales priorités de son administration, prévoyant économiser autant de pétrole en dix ans que le total des importations provenant du Venezuela et du Moyen-Orient. J’ai cependant constaté avec étonnement que le président Obama avait laissé tomber le qualificatif « étranger » de son discours lorsqu’il était question de réduire la dépendance des États-Unis au pétrole. J’ai souligné le fait qu’il parlait de la menace du réchauffement planétaire et de la nécessité de réduire la dépendance des États-Unis au pétrole lorsqu’il a entamé son marathon éclair de Chicago à Washington, DC. Les médias ne semblent pas l’avoir remarqué. Il s’agit d’une bonne nouvelle pour la planète, mais la nouvelle est catastrophique pour Stephen Harper qui veut s’assurer que le marché américain continue d’accroître sa dépendance au pétrole brut des sables bitumineux de l’Athabasca.

Le Plan du Parti Vert pour la relance de l’économie prévoit aussi des investissements dans les arts, les programmes étudiants et d’apprentissage pour les jeunes, les soins de santé, et les infrastructures municipales. En effet, le message le plus important que nous voulons transmettre est que les dépenses pour relancer l’économie doivent tenir compte de critères rationnels. Ces investissements doivent être logiques du point de vue de la création d’emploi en nous permettant d’opérer une transition vers une économie à faibles émissions de carbone, et le déficit ne doit pas faire perdurer la crise en créant un déficit structurel.

Il aurait été merveilleux de pouvoir présenter un plan de relance chiffré en détail, ce que le gouvernement actuel nous empêche de faire, nous et tous les autres partis d’opposition, en ne donnant pas accès aux véritables données financières du gouvernement fédéral. Rappelez-vous qu’en novembre Jim Flaherty avait projeté de minuscules excédents pour les cinq prochaines années. Pour ce faire, le gouvernement conservateur devait « falsifier les livres » en vendant des actifs (non spécifiés) et en ajoutant à la colonne des revenus les milliards de dollars gagnés avec ces ventes hypothétiques. Lors des débats télévisés des chefs, je suis la seule à avoir été complètement honnête et à envisager l’ampleur de la crise économique qui s’annonçait en affirmant qu’il faudrait sans doute enregistrer des déficits.

À présent, le gouvernement Harper a rompu avec la tradition parlementaire du secret entourant le budget pour évacuer les grandes ondes de choc avant la reprise des travaux de la Chambre. Selon la rumeur, le gouvernement compte enregistrer un déficit de 64 milliards de dollars pour les deux prochaines années. Nous ignorons cependant quelle proportion de ce déficit est attribuable au plan de relance de l’économie et dans quelle mesure il est inévitable en raison de la mauvaise gestion financière du gouvernement Harper. Lorsqu’il a réduit la TPS et augmenté les dépenses publiques, le gouvernement Harper a effacé tous les surplus enregistrés au cours des dix dernières années, ce qui nous a placé en très mauvaise posture. En effet, un déficit était inévitable, et ce, même avant la récession aux États-Unis, simplement à cause du bilan désastreux du gouvernement conservateur en matière de gestion financière.

Nous connaîtrons tous les détails mardi, mais le test ultime pour le gouvernement Harper comportera deux volets : le gouvernement a-t-il produit un budget pour venir en aide à l’économie, aux Canadiennes et aux Canadiens au chômage et aux entreprises en difficulté, ou le gouvernement Harper a-t-il une fois de plus accordé la priorité aux intérêts partisans et aux objectifs idéologiques au détriment de l’intérêt public? Les signaux sont plutôt inquiétants. À ce jour, le gouvernement Harper a annoncé une aide financière au projet gazier Mackenzie, comme s’il s’agissait d’un projet d’infrastructure. Une note de service ayant fait l’objet d’une fuite dans les médias indique que le gouvernement prévoit éliminer le processus d’évaluation environnementale en prétextant la crise économique. Dans le même ordre d’idées, le gouvernement prévoit éliminer les dispositions de protection de la Loi sur la protection des eaux navigables. Il est tout à fait scandaleux de s’attaquer aux lois sur la protection de l’environnement sous prétexte de relancer l’économie. Non seulement ces mesures ne permettront pas de redresser l’économie, mais elles mettront encore plus en péril la protection de l’environnement au Canada.

La nouvelle administration chez nos voisins du Sud ne tenterait jamais un coup pareil. Les citoyennes et les citoyens des États-Unis ont élu « l’espoir et le changement » et refermé la porte sur George W. Bush. Quelqu’un a-t-il vu où son hélicoptère s’était posé? George W. a-t-il aidé les Conservateurs à rédiger leur budget?