Est-ce la fin?

Elizabeth May

Les négociations sur les changements climatiques se poursuivent en bonne foi, à huis clos et en groupes plus restreints, pendant que les ministres s’adressent à l’assemblée plénière. En principe, la Conférence se termine aujourd’hui, mais les discussions pourraient se poursuivre en fin de semaine.

Elizabeth May with Nobel Prize Winner Wangari Matthai (Green Party of Kenya MP) and Eva Quistorp, co-founder of the German Green Party.

Hier, le ministre canadien de l’Environnement Jim Prentice a déclaré aux délégués présents que le Canada menait un projet de gaz naturel non polluant qui sera transporté vers le Nord dans de gigantesques pipelines, sans toutefois mentionner que ce gaz naturel était destiné à alimenter la production de pétrole dans les sables bitumineux de la région de l’Athabasca, en Alberta. Il a fait remarquer que le Canada était bien déterminé à réduire ses émissions de 20 pour cent d’ici 2020. Conformément à la nouvelle tradition canadienne, comme nous avons pu le constater dans le dernier discours du Trône, les déclarations officielles ne mentionnent jamais l’année de référence. Seul le Canada calcule ses réductions en fonction des émissions de 2006, alors qu’elles étaient de 24 pour cent plus élevées qu’en 1990. Il y a lieu de noter que dans l’accord signé par les chefs de l’opposition parlementaire pour un gouvernement de coalition, le Canada s’engage à réduire ses émissions avec 1990 comme année de référence, comme le reste du monde.

Le Canada a bien essayé, dans une série de rencontres à huis clos (bien que les représentants du gouvernement l’aient nié), d’affaiblir les objectifs de réduction pour les pays riches de 24 à 40 pour cent en dessous des niveaux de 1990 à l’horizon 2020 – les parties signataires de la Convention-cadre avaient convenu de ces objectifs l’an dernier à la Conférence de Bali, sans toutefois obliger les pays industrialisés à les accepter.

Hier encore, le Canada s’est mérité un Fossile du jour, une troisième. C’est notre huitième fossile. Voici la citation :

« Le Canada s’est mérité cette troisième place au classement Fossile du jour pour avoir ordonné au Secrétariat de détruire un montage photographique des sables bitumineux de l’Alberta exposé au kiosque USCAN [États-Unis-Canada]. Le montage, réalisé par des jeunes délégués, mettait en vedette les sables bitumineux, qui pourraient produire jusqu’à 80 millions de tonnes d’émissions de CO2 d’ici à l’année 2020, empêchant le Canada d’atteindre des cibles de réductions significatives.

« Le Canada aurait dit au Secrétariat qu’il était profondément vexé par ce montage photographique. Et bien voici ce que nous proposons : si le Canada cesse de dévaster l’environnement avec ses sables bitumineux, nous cesserons d’exposer des photos de la dévastation causée par les sables bitumineux sur l’environnement. »

La plénière vient tout juste d’entendre l’un des discours les plus édifiants prononcés par un ministre de l’Environnement au cours de cette Conférence. John Gomerly est ministre irlandais de l’Environnement. Il a souligné que le monde devait opérer une transition et cesser de consacrer des centaines de milliards de dollars à la guerre et aux préparatifs de guerre pour enfin faire face à la crise climatique. Il a aussi dit que si nous pouvions mobiliser des milliards supplémentaires pour sauver le secteur financier, nous pouvions vraisemblablement engager des fonds pour aider les nations les plus pauvres à s’adapter aux changements climatiques. Et que nous pouvions vraisemblablement parvenir à une entente ambitieuse qui tient compte des exigences climatiques avant la conférence prévue l’an prochain, à Copenhague.

Je voulais depuis longtemps rencontrer le ministre de l’Environnement de l’Irlande. John Gomerly, député du Parti Vert, siège au sein d’un gouvernement de coalition. Nous avons échangé brièvement. J’aimerais le convaincre de se joindre à nous à notre prochain congrès politique.

Dans environ une heure, Al Gore prendra la parole dans une salle plénière adjacente. John Kerry est également sur place, et Leonardo DiCaprio signe des autographes aux membres des délégations qui adoptent des cibles ambitieuses en vue de la conférence de Copenhague. On fait ce qu’on peut, dès que ça fonctionne...