Notre vision et notre engagement pour un avenir économique plus écologique

Elizabeth May

C’est le grand titre que j’aurais aimé lire dans les journaux. Toutefois, cela correspond parfaitement aux chiffres annoncés dans le Globe and Mail de ce matin :

  • 11 milliards de dollars de dépenses pour moderniser le réseau de distribution d’électricité et ériger des lignes de répartition qui serviront à transporter de l’énergie propre et renouvelable provenant de nouvelles sources;
  • 8 milliards de dollars de prêts pour mettre en œuvre des projets de production et de transport d’énergie renouvelable;
  • 6,2 milliards de dollars d’aide pour les familles à faible revenu afin d’isoler leur demeure dans le but de réduire leurs dépenses en matière d’énergie.
Ces chiffres proviennent, bien sûr, du plan d’Obama pour stimuler l’économie.

Le budget de M. Harper pour l’année 2009 est totalement dépourvu de vision, d’innovation ou de quelconque élément écologique. Bien que plus d’argent soit dépensé, on peut à peine appeler ce budget un plan de stimulation économique – et certainement pas un plan qui amènera le Canada vers un parcours durable, comme le président Obama l’a planifié pour les États-Unis. Les différences entre les plans d’Obama et de Harper sont stupéfiantes.

Le budget comprend effectivement des réductions d’impôts, mais ne prévoit aucune recette compensatoire pour éviter un déficit structurel. Il aborde le thème des infrastructures, mais ne fait aucunement mention du financement aux municipalités pour le transport en commun, des friches industrielles et ne fait que glisser quelques mots au sujet des réseaux d’aqueduc. Le résultat final n’est pas un engagement pour un avenir durable, mais plutôt pour un avenir qui sera du pareil au même (mais avec un peu plus d’argent).

Voici les mots que vous ne lirez pas dans ce budget : des investissements dans les sources d’énergie renouvelable, le transport en commun et le traitement des friches industrielles.

Voici maintenant les mots que vous pourrez lire dans ce budget : des investissements dans les routes (ce qui comprend l’élargissement de la route traversant le parc national de Banff), les ponts et les projets énergétiques dans le Nord.

Les 12 milliards de dollars investis dans les infrastructures se traduisent par « des routes, des ponts, des ports pour petits bateaux, l’accès à Internet haute vitesse, des dossiers de santé électroniques, des laboratoires et des postes frontaliers ». Les investissements destinés aux laboratoires se sont en fait révélés être de l’argent pour l’amélioration des installations gouvernementales de l’Agence canadienne d’inspection des aliments, la mise en valeur du saumon et le service des forêts… En quoi cela aide-t-il à stimuler l’économie? De façon similaire, l’argent plus que bienvenu pour VIA Rail est en fait lié à de l’entretien différé. Ce financement fournit bien de nouvelles voies d’évitement pour désengorger le corridor Québec-Windsor, mais il est principalement destiné à la mise à niveau des moteurs, des voitures et des gares de chemin de fer.

Les Canadiennes et les Canadiens se font offrir de nombreux éléments très attrayants. Il y aura des remboursements d’impôts pour l’aménagement de votre salle familiale ou la rénovation de votre cuisine. Il y a en effet un peu plus d’argent accordé pour le programme des améliorations écoénergétiques résidentielles, mais il n’y a aucun effort de concentré pour réduire les gaz à effet de serre dans le plan de stimulation économique.

Ce budget nous plonge certainement dans un énorme déficit, mais le plan pour nous en sortir est également incertain et dépend presque entièrement de l’augmentation des dépenses des consommateurs ainsi que de l’amélioration des performances du PIB. La supposée vente de 2 milliards d’actifs du gouvernement fédéral est toujours là et demeure essentielle pour nous sortir du déficit. Les actifs devant être vendus n’ont toujours pas été nommés.

Le projet d’équité salariale pour les femmes est remis sur la glace, tout comme en novembre. Toutefois, le gouvernement Harper s’est rétracté sur la question du financement des partis politiques. Mais le budget demeure axé sur les bases conservatrices. Les villes sont ignorées. Même le programme de rénovation des maisons n’est offert qu’aux familles, ce qui exclut les personnes vivant seules. Dans les rares cas où des projets sont explicitement mentionnés, ceux-ci sont destinés aux circonscriptions détenues par les Conservateurs, comme le très précis « achèvement de la phase 2 du projet de la route de contournement de l’autoroute 104 à Antigonish, en Nouvelle-Écosse ».

Il n’y a rien pour les aînés préoccupés par leurs revenus de retraite, bien qu’il y ait un peu d’aide pour les personnes âgées à faible revenu. Le taux de retrait de 25 % exigé pour les fonds enregistrés de revenu de retraite est le même qu’en novembre.

Qu’y a-t-il de bon dans ce budget? Il y a des améliorations en matière d’assurance-emploi, mais la période d’attente de deux semaines n’est toujours pas éliminée. Il y a aussi un peu d’argent destiné aux habitations à loyer modéré : 1 milliard de dollars étalés sur deux ans pour des projets dont les frais seront partagés à 50 % avec les provinces. Ces projets comprennent la rénovation et l’amélioration du rendement énergétique d’un nombre d’habitations pouvant aller jusqu’à 200 000 unités. Aussi, 875 millions de dollars également étalés sur deux ans seront destinés à la construction d’habitations à loyer modéré pour les Premières nations, les personnes souffrant d’une incapacité et les aînés à faible revenu. C’est une goutte d’eau dans l’océan. De plus, l’affectation de ces fonds selon un principe de partage des frais est vouée à l’échec pour les partenaires provinciaux et municipaux (qui devraient augmenter les impôts provinciaux ou fonciers pour égaler les fonds). Également, il n’y a aucune nouvelle habitation à loyer modéré de prévue, sauf pour les aînés, les personnes souffrant d’incapacités et les Premières nations.

Il y a beaucoup d’argent destiné à soulager le resserrement du crédit. Ces fonds vont pour la plupart aux banques, soit 200 milliards de dollars. Les PME ne reçoivent, quant à elle, que 300 millions de dollars.

Est-ce bien le budget dont notre pays a besoin? Non. En fait, ce budget est tellement loin des besoins des Canadiennes et des Canadiens, de notre économie, de nos aînés et de notre planète que cela me rend furieuse et anéantie à la fois.