COP21 – Jour 3

Elizabeth May

Si le blogue était un texte portant sur le climat, voici de quoi il aurait l’air :

[[Inviter] [Inciter] les partisans du Parti vert [observateurs] et [autres parties intéressées] et les acteurs de la société civile, à tenir compte des [progrès] [résultats] des négociations sur le climat dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, en vertu de laquelle les parties à cet [accord], [accord juridiquement contraignant], conviennent de réduire les gaz à effet de serre afin de veiller à ce que l’augmentation de la température mondiale moyenne ne dépasse pas [2 C° au-dessus des niveaux d’avant la révolution industrielle], [bien inférieure à 2 C°], [1,5 C°], [ne dépasse pas 2 C° autant que possible…].]

Ainsi de suite. Toute formulation entre les crochets signifie que nous ne l’avons pas encore acceptée, peut-être jamais. Et remarquez qu’il y a de gros crochets au commencement et à la fin du paragraphe… Bon, cela signifie que le texte complet n’est pas accepté. On compte 54 pages qui ressemblent à cela même après deux jours de négociation. Et les gros crochets au commencement et à la fin de cet exemple se retrouvent aussi au commencement et à la fin de l’ensemble des 54 pages que nous négocions à la COP21. Cela signifie que l’ébauche entière n’est pas acceptée.

La présidence de la COP (ce terme désigne le gouvernement français hôte) souhaite que tout cela soit déterminé par une nouvelle ébauche de texte prête avant la semaine prochaine. Ne retenez pas votre souffle.

Bien sûr, il fallait s’y attendre. Aucun pays ne veut éliminer ses crochets de suspension sans gagner quelque chose en échange. Les tractations et le maquignonnage durent jusqu’à la dernière minute. Ce sera la semaine prochaine. Les bonnes nouvelles pour les Canadiens sont que nos négociateurs ne font plus la guerre au progrès. Le Canada est souvent silencieux quand je souhaite que nous nous appuyions les demandes de l’Union européenne et des États des îles à faible élévation comme le Tuvalu, dans le but d’empêcher la température mondiale moyenne de dépasser 1,5 C°.

Mais au moins, nous ne nous livrons plus à des actes de sabotage. Les autres délégués et les militants climatiques du monde entier sourient quand nous les rencontrons. Ils sont heureux de voir « le nouveau Canada ». Étendons notre influence pour être des chefs de file dans la rude épreuve de force par-delà le langage, les principes et les objectifs du nouveau traité. Le monde nous regarde. Sautons hors des gros crochets.