La Coalition des femmes : J’ose rêver

Elizabeth May

(OTTAWA) - Je raconterais que « la nuit dernière, j’ai fait le plus étrange des rêves… » Il se rapportait à la Journée internationale de la femme. Soudainement, les dirigeants masculins décidaient qu’ils avaient bousillé un trop grand nombre de choses pour pouvoir continuer en toute bonne conscience… Et… les partis politiques s’évaporaient dans une étonnante volonté de renoncer au pouvoir… et sans partis... d’une certaine manière, la Chambre des communes était convoquée à nouveau, et je devenais première ministre.

Alors, voyez la chance, j’en profite pour composer le meilleur Cabinet possible. Je décide de rassembler pour la première fois au Canada toutes les femmes, tout un Cabinet multipartite (ce n’est que justice; dans la plus grande partie de notre Histoire, le Canada a toujours eu des Cabinets masculins). Et le plus beau dans tout ça, c’est qu’il n’y a pas pénurie de talents maintenant à la Chambre des communes.  

La ministre de la Justice, évidemment, c’est Françoise Boivin, une avocate futée. Je demande à Libby Davies de ne pas partir pour que je puisse la prier de s’occuper d’Emploi et Développement social et d’élaborer un nouveau programme national de logement. La ministre de la Santé est la Dre Carolyn Bennett, une médecin et ancienne ministre de la Santé publique. La ministre de l’Environnement est une scientifique qui a travaillé pour le GIEC, la Dre Kirsty Duncan. Cette autre dynamo Duncan, Linda Duncan du NPD, possède aussi de grands titres à diriger Environnement Canada puisqu’elle y a été directrice des poursuites. Son expertise serait aussi valable aux Ressources naturelles, où elle s’occuperait du mandat de la durabilité.

Je garde Kerry-Lynne Findlay au Revenu national. Elle a un cœur d’or et des antécédents juridiques. Compte tenu de la décision unanime de faire fonctionner réellement un système d’imposition équitable, elle représente un excellent atout. Hélène Laverdière, ministre des Affaires étrangères, ancien agent du service extérieur, est du genre à inverser les tentatives catastrophiques pour éliminer la fonction publique diplomatique professionnelle légendaire du Canada.  

Rona Ambrose a fait du bon travail aux Travaux publics, en dirigeant l’un des processus d’approvisionnement les plus propres de l’Histoire du Canada. Dès lors, je lui demande de retourner aux TP. Joy Smith dirige une nouvelle division de la justice pour mettre fin au trafic humain. Diane Ablonczy, qui est la plus capable des députés conservateurs, reléguée dans des postes mineurs sous l’ancien règne de Harper, accomplira de grandes réformes au Conseil du Trésor. Nous commencerons par garantir un salaire égal pour un travail égal dans la fonction publique fédérale.

Quant au ministère des Finances, je choisis Peggy Nash, qui a une meilleure prise sur les finances que Joe Oliver, s’en tenant aux faits dans un contexte d’attentes que toute idée du NPD fera une vague par nature.    

Lisa Raitt est une pragmatique fondée sur la sensibilité. Je lui demanderais de réparer les pots cassés de la Sécurité publique et de mettre en place une comptabilité réaliste sous supervision du Parlement. Je pense que Michele Rempel serait une grande ministre du Développement international en dirigeant une ACDI rafraîchie. Christia Freeland peut se charger d’un grand nombre de portefeuilles, mais je pense qu’elle aimerait le Commerce. Quant à l’Agriculture, Megan Leslie mettrait un nouvel accent sur la production alimentaire locale et durable. Les Pêches ont actuellement une femme ministre et, bien que j’aime Gail Shea, je pense que les séquelles des décisions qu’elle a défendues sous le régime Harper la désignent pour un nouveau ministère. Judy Foote, de Terre-Neuve-et-Labrador, connait l’importance des pêches durables pour ce pays, donc je lui donnerais la chance de réparer le ministère et de réinstaurer la protection des habitats éliminés en vertu de C-38.  

Même en tenant compte du Parlement actuel, je sais que nous pouvons faire beaucoup mieux sans partisanerie exacerbée, grâce au processus de décision consensuel. Bien sûr, je choisirai beaucoup plus de femmes après la prochaine élection et j’ajouterai des députées vertes, Jo-Ann Roberts au Patrimoine (candidate verte dans Victoria) pour planifier le rétablissement de notre diffuseur public national. Fran Hunt-Jinnouchi (future députée verte de Cowichan-Malahat-Langford) s’occupera d’Affaires autochtones et Développement du Nord Canada et créera un programme éducatif pour les enfants autochtones dont le Canada a besoin. La Dre Lynne Quarmby, cheffe du département de biologie moléculaire et de biochimie de l’Université Simon Fraser et première députée de la nouvelle circonscription de Burnaby-North Seymour, renouvellera la capacité scientifique du gouvernement du Canada. Frances Litman (députée verte d’Esquimalt-Saanich-Sooke) sera aux transports et la nouvelle verte Deborah Coyne, qui a siégé à la Commission de l’immigration et du statut de réfugié, devrait prendre en charge ce ministère.  

Ne vous inquiétez pas. Le Parti vert n’a pas de programme pour exclure les hommes du processus décisionnel. Comment pourrait-on exclure la moitié de notre population? Mais, simplement pour s’amuser durant la Journée internationale de la femme, il fait bon rêver…