La première semaine

Elizabeth May

Chère citoyennes,
Chers citoyens,

Je vous fais mon rapport après les
cinq premiers jours complets du calendrier parlementaire, enfin en mesure
d'afficher ce compte-rendu sur mon blogue pour le partager avec vous. Les
délibérations de la Chambre ont été dominées par deux mesures législatives et
marquées par un hommage rendu à Jack Layton par tous les partis. Nous
avons également reçu la visite du premier ministre britannique,
David Cameron. 

La période des questions flotte au-dessus
(ou plutôt, en dessous) du calendrier des travaux législatifs, alors que la
plupart des questions portent sur le « scandale du jour. » Bien
entendu, tout le monde a ses favoris. Le député néodémocrate Charlie Angus
s'en prend à Tony Clement avec joie et se lance dans de beaux discours. Le
ministre semble incapable de ressentir de la honte pour la manière scandaleuse
dont des dizaines de millions de dollars ont été canalisés dans sa
circonscription – bien que la question d'Angus, parsemée d'insultes, nous
inspire presque de la pitié pour Clement (presque).

Les grands favoris de la période de
questions la semaine dernière étaient Peter MacKay, qui a utilisé un
hélicoptère de recherche et de sauvetage comme service de limousine, ainsi que
quelques questions sérieuses sur la santé de notre économie et les projets
d'intégration plus poussée avec les États-Unis (NextGen).

Ma question portait sur les lettres
expédiées à des chercheurs clés d'Environnement Canada – ceux qui dirigent
certains aspects des programmes de surveillance de la couche d'ozone – pour les
prévenir que leur poste risquait d'être éliminé (ou, comme le dit si bien
Peter Kent, « séparés d'Environnement Canada »). Les
porte-parole néodémocrate et libéral en matière d'environnement
(Megan Leslie et Kirsty Duncan) ont aussi tenté d'obtenir des
réponses claires du ministre. Je les aime beaucoup tous les deux, et j'avais
partagé avec eux tout ce que je savais du dossier. C'était un bel effort
concerté. La menace pèse sur les programmes de surveillance de la couche
d'ozone et du rayonnement ultraviolet à l'échelle mondiale, sur le centre de
collecte des données ainsi, sur le programme Ozonesonde (dans le cadre duquel
des ballons sont envoyés à plusieurs endroits chaque semaine pour mesurer les
paramètres de la couche d'ozone à différents degrés d'altitude) ainsi que sur
un chercheur principal qui analyse les données dans le cadre du système de
surveillance de la couche d'ozone. Kent affirme qu'aucun de ces programmes
n'est menacé. Pourtant, les trois chercheurs qui ont reçu ces lettres dirigent
ces programmes. Il n'y a pas cinq gestionnaires pour le centre de collecte de
données, il y en a un seul, et il a également reçu cette lettre. 

Kent affirme qu'un règlement du
Conseil du Trésor stipule que les gens qui ne sont pas menacés d'une éventuelle
mise à pied doivent recevoir une lettre annonçant qu'ils pourraient l'être. Je
vais vérifier ce règlement, puisque Kent semble honnêtement convaincu que c'est
le cas. J'ai cependant ma propre théorie là-dessus...

Pendant ce temps, j'ai consacré la
majeure partie de mon temps à lutter contre deux très mauvaises mesures
législatives. La première, le projet de loi C‑4, la soi-disant « Loi
contre la traite de personnes », devrait plutôt s'intituler « Loi sur
l'internement des réfugiés. » Ce projet de loi établit d'emblée qu'une
« arrivée irrégulière » au Canada, essentiellement par bateau, et
qu'un certain « groupe » de réfugiés politiques recevront un
traitement différent des autres réfugiés. Ils devront tous être détenus pendant
un an, sans avoir droit à une révision judiciaire. Hommes, femmes et enfants seront
détenus pendant un an s'ils arrivent par bateau ou par tout autre moyen pouvant
constituer une « arrivée irrégulière » du point de vue du ministre.

La Loi sur l'internement des réfugiés
est dénoncée par l'Association canadienne des avocates et des avocats en droits
des réfugiés, l'Association du Barreau canadien et d'autres groupes de défense
des droits de la personne. Mais les représentants du gouvernement se font
dicter leurs points de discussion par le cabinet du premier ministre et
ignorent les problèmes de fond qui ébranlent le projet de loi. Pendant les
débats, tout député qui osait souligner les répercussions désastreuses du
projet de loi était automatiquement accusé d'être du côté des passeurs de
clandestins.

Dans un même ordre d'idées, toute
critique du projet de loi sur les peines minimales obligatoires prévues par le
projet de loi omnibus invitait les insultes et les accusations selon lesquelles
les députés opposés à cette mesure législative favorisaient les criminels aux
dépens des victimes.

Les Canadiennes et les Canadiens
doivent dénoncer ces mesures et insister auprès des députés conservateurs pour
qu'ils fassent preuve de retenue. Les conservateurs ont tous les appuis requis
pour faire adopter tous les projets de loi qu'ils veulent pendant les quatre
prochaines années. La seule façon d'éviter l'adoption de mesures législatives draconiennes
est d'amener des députés conservateurs à s'y opposer. L'adoption éventuelle de
ces mesures serait coûteuse, sans compter que de telles mesures ne
résisteraient pas à une contestation fondée sur la Charte.

Cette
semaine, nous serons appels à voter pour ou contre le prolongement de la
mission canadienne en Libye (je voterai contre), tandis que nous poursuivrons
les débats entourant les projets de loi C‑4 et C‑10.