Une agriculture et une stratégie alimentaire pour le Canada

(Document d’information de la plateforme électorale du PVC – 12/06/15)

Le Canada a besoin d’une stratégie alimentaire innovatrice et avant-gardiste qui fait la promotion de la sécurité alimentaire, de la salubrité alimentaire et des aliments sains. Nous devons protéger les sols dont nous dépendons. Le Parti vert estime qu’un leadership national solide est requis pour promouvoir la durabilité agricole, l’efficacité énergétique et le soutien des familles d’agriculteurs. Cela signifie que nous devons encourager la localisation et la diversification qui sont requises pour stabiliser l’économie de l’alimentation sans subventions gouvernementales dispendieuses. Cela signifie que nous devons penser local, mettre en valeur le potentiel des sols, encourager la diversité économique, réduire l’endettement agricole et accroître le nombre de jeunes agriculteurs. Cela signifie de mettre en place une réglementation plus stricte en matière de sécurité alimentaire et de mettre fin à la contamination de nos aliments et de notre eau par des pesticides.

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La production alimentaire au Canada doit concilier le besoin d’aliments abordables et de revenus adéquats pour les agriculteurs. Ces enjeux ne sont pas contradictoires. Nous devons cesser d’encourager les agriculteurs à s’endetter, à appliquer généreusement des pesticides et à utiliser des techniques qui appauvrissent les sols dans le but de réaliser des récoltes surabondantes qui ont peu de valeur. On estime que 40 p. cent de la production agricole est gaspillée parce que les aliments sont bon marché et que la manutention et l’entreposage adéquats sont dispendieux et qu’un autre 20 p. cent de cette même production sert à alimenter les voitures en biocarburant ou est transformée en produits non alimentaires.

Les politiques agricoles doivent faire cesser le gaspillage. Le Parti vert réclame que l’on mette un terme aux subventions pour tous les biocarburants dont le rendement énergétique est moins élevé que l’énergie requise pour les produire. Nous voulons des investissements dans les techniques permettant d’enrichir les sols afin de revitaliser les terres et relancer leur capacité productive naturelle. Nous voulons économiser l’énergie et réduire les coûts et le gaspillage du transport à grande distance des produits agricoles d'un bout à l'autre du pays. Nous pouvons réaliser ceci en restructurant les entreprises locales de transformation des aliments et en conservant les emplois au pays.

Le Parti vert veut offrir à nouveau des possibilités à la production alimentaire. Nous appuyons les économies rurales en encourageant tous les agriculteurs à ajouter de la valeur à leurs produits par le truchement des ventes locales directes. Grâce à de telles mesures, nous pouvons diminuer la pauvreté et accroître l’accès aux aliments, échanger de la nourriture pour du travail en fournissant des potagers et enseigner les techniques de culture et de transformation des aliments.

L’approche du Parti vert à l’égard des politiques agricoles canadiennes est claire : réduire la dépendance aux produits chimiques, renforcer et protéger la fertilité naturelle des sols, mettre en valeur les produits de qualité et appuyer les économies locales, réduire le gaspillage et accroître le nombre de familles d’agriculteurs.

Les mesures visant à encourager une agriculture responsable comprendraient la diversification dans les champs, à la ferme et dans les collectivités. L’agriculture doit être durable sur le plan économique et ne doit pas être soutenue par l’argent des contribuables au moyen de projets de gestion des risques de l'entreprise qui récompensent la spécialisation et l’instabilité.

L’agriculture responsable inclut un traitement humain des animaux en tout temps, y compris le transport et la transformation de la viande. Les codes de pratique volontaires devraient être obligatoires.

La politique alimentaire actuelle du gouvernement est d’encourager les exploitations agricoles à produire des récoltes exceptionnelles en se préoccupant peu de la qualité, de payer très peu les agriculteurs ou de ne pas les payer du tout et de permettre que les produits excédentaires soient gaspillés ou écoulés sur le marché des exportations où ils nuisent aux produits des agriculteurs dans d’autres pays. On n’a pas accordé suffisamment d’attention à une stratégie alimentaire nationale cohérente qui appuie nos économies rurales dans les négociations secrètes sur les échanges et les investissements.

Les nombreuses années durant lesquelles on a encouragé les agriculteurs à prendre de l’essor ou à se retirer des affaires ont également entraîné un endettement agricole massif et insoutenable. Les politiques qui permettent à des intervenants externes, par exemple des régimes de pension, d’acheter des terres à des fins de spéculation ont fait gonfler le prix des terres agricoles au-delà des moyens financiers des jeunes agriculteurs. Les exploitations agricoles sont regroupées et mal cultivées par des travailleurs temporaires qui ont peu de connaissances et peu d’attachement à la terre. Nous devrions encourager les agriculteurs à petite échelle à rembourser leurs dettes et à reconstruire une communauté agricole solide et résiliente. À cet égard, nous devrions envisager d’imposer une limite à l’acquisition de terres par des non-résidents afin d’éviter que les agriculteurs soient en concurrence avec des spéculateurs fonciers.

Des politiques alimentaires canadiennes crédibles doivent impliquer le gouvernement fédéral travaillant en collaboration avec les gouvernements provinciaux. En vertu de la Constitution, la responsabilité de l’agriculture est explicitement partagée entre les deux ordres de gouvernement et la législation provinciale est tenue d’assurer l’arrimage avec les lois fédérales en cas de conflit. Ainsi, un leadership national est requis, non pour créer plus de bureaucratie, mais pour établir des normes nationales le cas échéant et clarifier les champs de compétences fédéraux et provinciaux. Au niveau fédéral, le ministre de l’Agriculture doit toujours travailler en étroite collaboration avec ses contreparties de la Santé, des Ressources naturelles, de la Gérance de l'eau et du Développement rural.

La coopération est essentielle en agriculture et il faudrait encourager les coopératives agricoles afin de permettre aux agriculteurs d’obtenir une compensation équitable pour leurs efforts. Le Parti vert restaurerait les investissements dans les coopératives. Nous examinerons également les options permettant aux petites exploitations agricoles de commercialiser leurs produits à un prix équitable dans un rayon raisonnable à la suite de la vente regrettable de la Commission canadienne du blé.

Le Parti vert est fermement opposé à l’usage généralisé des pesticides et des semences contenant des organismes génétiquement modifiés (OGM) développées pour être résistantes aux pesticides. Le Parti vert protégera et fera la promotion du droit des agriculteurs à conserver et à utiliser des semences traditionnelles exemptes d'OGM sans frais. Nous rendons l'étiquetage des OGM obligatoire afin de donner un choix au public lorsqu’il examine la source des aliments qu’il achète.

La nourriture, c’est la vie. Le gouvernement fédéral ne peut pas continuer à s'en sortir tant bien que mal sans mettre en place des politiques et des stratégies judicieuses pour une agriculture durable. Il n’est pas envisageable de laisser notre système alimentaire à la merci des forces prédatrices du marché. Les Canadiens veulent s’assurer que la production de leurs aliments est entre les mains de familles d’agriculteurs compétentes qui se préoccupent de la qualité, de leurs animaux et de l’environnement. Nous avons besoin d’un gouvernement qui se soucie des agriculteurs, de la sécurité alimentaire et de la salubrité alimentaire.

En ce qui a trait à la salubrité alimentaire, le Parti vert appuie le renforcement du mandat et du financement de l’Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA). La confiance excessive dans le système d’autoinspection de l’analyse des risques aux points critiques (HACCP) a échoué. La décision prise par le gouvernement fédéral au printemps 2008 de réduire les inspections du conditionnement des viandes en faveur d’une plus grande autoréglementation et d’un plus grand autocontrôle par le truchement du Système de vérification de la conformité a eu une suite tragique lorsque le pays a connu durant l’été une éclosion de listériose qui a entraîné plus de 20 décès. Malgré l’annonce faite en juin 2012 d’améliorations prévues à l’inspection des aliments, y compris des amendes plus importantes pour les contrevenants, aucune autre mesure n’a été adoptée par la suite. Le Syndicat de l'agriculture, entre autres, souligne que le nombre d’inspecteurs canadiens des aliments a même diminué. Entre autres choses, le Parti vert appuie l’élaboration de protocoles efficaces et abordables en matière de salubrité alimentaire pour les petits transformateurs et une augmentation du nombre d’inspecteurs sur place pour les grands transformateurs.

Dans les collectivités éloignées, nous devons également améliorer et accroître la surveillance des sources locales d’aliments (p. ex., le caribou et le saumon) afin d’assurer que les Inuits et les membres des Premières Nations ne sont pas surexposés aux  polluants organiques persistants et aux métaux lourds. Nous devons également nous attaquer aux problèmes de la sécurité alimentaire et des prix injustement élevés des aliments pour les habitants des régions nordiques du Canada. Les industries extractives ne doivent pas être autorisées à déverser des toxines ou à détruire des sources d’eau ou de nourriture.

L’eau et l’agriculture sont inextricablement reliées. Le Parti vert exige un leadership national clair pour établir des normes réglementaires de calibre mondial pour la salubrité de l'eau potable et pour assurer un financement adéquat des municipalités et des collectivités autochtones pour garantir une eau salubre. Plus de quatorze ans après la tragédie de Walkerton au cours de laquelle sept personnes ont perdu la vie après avoir consommé de l’eau contaminée par l'E. coli, nous attendons toujours les normes nationales de gestion de l’eau promises depuis fort longtemps. Entre-temps, les normes inadéquates entraînent l’émission régulière d’avis de faire bouillir l'eau et d’alertes de santé, plus récemment sur la réserve autochtone d’Attawapiskat. Les réductions générales contenues dans le budget fédéral 2012 ne portent pas à croire que le gouvernement conservateur est intéressé à aborder la question de la réglementation en matière de santé et de sécurité de manière efficace. Le gouvernement devrait élargir considérablement la capacité scientifique nationale et renforcer la collecte et l’analyse de l’information scientifique et technique la plus récente sur la qualité de l’eau, des sols et de l’air.

La durabilité et la responsabilité doivent être nos principes directeurs fondamentaux pour l’élaboration d’une stratégie alimentaire efficace. À long terme, cela signifie de mettre davantage l’accent sur le renforcement de la viabilité des plus petites exploitations agricoles, ce qui est de plus en plus la seule option pour un nombre croissant d’agriculteurs plus jeunes.